Donc moi je reviens toujours à mon problème depuis des années, je ne sais pas si vous en avez pris votre parti, j’essaye toujours de poser la question : qu’est-ce que ça veut dire cette histoire d’analyse, analyse de quoi ? et, au fur et à mesure qu’on avance (ou qu’on fait du sur place, je ne sais pas…), ma référence à Freud ne fonctionne plus du tout comme référence à un corps de savoir mais cela apparaît plutôt comme référence à un événement. un événement, la création d’un nouveau
genre, comme un genre littéraire, genre de performance théâtrale, un nouveau paradigme de production de subjectivité.
Le cadrage de cette problématique évidemment ne se fait pas uniquement dans l’expérience analytique mais cette expérience analytique, ce nouveau genre à mon avis éclaire, a un effet d’éclairage rétroactif sur d’autres problématiques de la subjectivité, à d’autres niveaux dans le champ social, institutionnel, au niveau des finalités économiques, etc. C’est disons la problématique de ce que pourraient être des producteurs et des analyseurs de subjectivité qui prennent en compte un certain nombre de dimensions de singularité. De proche en proche la problématique s’enrichit : qu’est-ce qui peut spécifier une production de subjectivité qui ne soit pas sous le coup de la logique de l’équivaloir généralisé, des valeurs de redondance, d’une sorte d’égalitarisme, de « communisme » des explications, et qui donne place à la dimension productive de subjectivité, qu’il s’agisse de production dans le domaine linguistique, poëtique ou de l’art lyrique, etc.
Publié le 1 octobre 1985
01/10/1985 : Félix Guattari : Qu’est-ce que ça veut dire cette histoire d’analyse, analyse de quoi ?
par
Félix Guattari

Voir aussi
22/01/1985 : Félix Guattari : Singularité et complexité
par
Félix Guattari

Déjà la première chose qu’on peut dire, et ce n’est pas une grande découverte, c’est que l’existence ce n’est pas scientifique. L’existence, ce n’est pas quelque chose qui se produit par la science, ce n’est pas quelque chose (...)