Publié le 6 février 1984

06/02/1984 : Michel Veuille et Christiane Frougny : La Machine

par Christiane Frougny , Michel Veuille

MICHEL VEUILLE
Avec Christiane, nous allons essayer de faire un séminaire sur le concept de machine – on parle beaucoup de machines ici –moi dans le rôle du biologiste et Christiane dans le rôle de la mathématicienne, puisque cela correspond à nos attributions respectives.
Le problème, c’est qu’en biologie il n’y a pas de concept de machine. Depuis que la biologie est biologie il y a des centaines de constructions machiniques qui ont été imaginées mais il n’y a pas de concept pour en parler. Dans un premier temps je vais raconter l’histoire de toutes ces machines, parce qu’elles ont une histoire. Je vais parler de la machine comportementale, de la machinerie des instincts et Christiane enchaînera à partir de cela sur les machines mathématiques qui sont beaucoup plus récentes et certainement beaucoup plus formalisées.
(...)

CHRISTIANE FROUGNY
Le problème de l’analogie entre l’homme et la machine est étroitement lié à des symbolismes culturels et linguistiques associés à cet objet technique. Toute assimilation – admise ou refusée – de l’homme à la machine a rapport à des modalités de signification centrées principalement sur la notion de simulation. Je vais vous donner quelques jalons, qui vont de l’animal-machine de Descartes à la question de la pensée des ordinateurs. Ce n’est pas l’objet technique qu’est la machine qui est en question ici, mais son fonctionnement comme modèle, comme métaphore à l’intérieur d’un certain type de discours. Ce qui est en jeu, c’est la liaison de la machine à des fonctions radicalement humaines ; la question de l’être humain a toujours été considérée dans une perspective mécaniste de savoir s’il était une machine, et la machine a toujours été considérée comme simulacre du vivant.