Publié dans Chimères n° 3.
Félix Guattari m’a demandé de décrire ce qui fondait pour moi l’activité théâtrale. En quoi cette activité s’entendait pour mon propre compte comme la mise en rituel d’une certaine subjectivité. Comme processus de singularisation. Quels me semblaient en être les moteurs, les enjeux. D’évoquer en somme ce qu’il nomme les « agencements d’énonciation » singuliers où s’origine selon moi la pratique théâtrale.
Je préciserai d’emblée qu’il m’a été demandé de m’exprimer ici « avec mon cœur », bien davantage que sous couvert d’un affublement conceptuel dont vous ne tarderiez pas à sentir les limites dans la bouche de quelqu’un dont la seule ambition est somme toute de faire une honnête carrière de ravi du village. J’ai écrit à ce jour une douzaine de pièces de théâtre. La plupart d’entre elles ont été jouées, traduites. J’effectue actuellement ma deuxième mise en scène. C’est là tout mon bagage. Les quelques opinions qui vont suivre se fondent d’une rêverie sur cette pratique. Elle n’ont pas d’autres prétentions que celles d’un envoyé spécial de l’autre côté du quatrième mur. À vous de me dire par la suite ce qu’il faut entendre à tout ce fatras. Et si même on peut y entendre quelque chose.
Du mieux vivant théâtral
Que le théâtre fut un plus à vivre, j’ai senti ça à l’âge de dix ans. Des circonstances scolaires (j’étais alors en classe de sixième) m’amenèrent la première fois sur la scène pour y interpréter Monsieur de Pourceaugnac dans la pièce du même nom.