Chimères 17 : Pratiques écosophiques et restauration de la Cité subjective

par Félix Guattari

L’être humain contemporain est fondamentalement déterritorialisé. Ses territoires existentiels originaires — corps, espace domestique, clan, culte — ne sont plus arrimés à un sol immuable, mais s’accrochent désormais à un monde de représentations précaires et en perpétuel mouvement. Les jeunes gens qui déambulent, un walkman collé aux oreilles, sont habités par des ritournelles produites loin, très loin de leurs terres natales. Leurs terres natales, d’ailleurs, qu’est-ce que ça pourrait vouloir dire pour eux ? Sûrement pas le lieu où reposent leurs ancêtres, où ils ont vu le jour et où ils auront à mourir ! lls n’ont plus d’ancêtres ; ils sont tombés là sans savoir pourquoi et disparaîtront de même ! Une codification informatique les « assigne à résidence » sur une trajectoire socio-professionnelle qui les programme, pour les uns dans une position relativement privilégiée, pour les autres dans une position d’assistés. (...)