La normalité sous l’éclairage du délire, la logique techniciste sous la loi du processus primaire freudien : un pas de deux vers le chaos pour tenter de cerner une subjectivité loin des équilibres dominants et de capter ses lignes virtuelles de singularité, d’émergence ou de renouveau. Serait-ce un éternel retour dyonisiaque ou un paradoxal renversement copernicien prolongé d’un retournement animiste ? À tout le moins, c’est le fantasme originaire d’une modernité sans cesse remise sur le tapis et sans espoir de rémission post-moderne. Toujours la même aporie. La folie, cernée dans son étrangeté, réifiée dans une altérité sans retour, n’en habite pas moins notre appréhension ordinaire et sans qualité du monde. Mais il faudrait aller plus loin. Le vertige chaotique, qui trouve une de ses expressions privilégiées dans la folie, est constitutif de l’intentionnalité fondatrice du rapport sujet-objet. La psychose met à nu un ressort essentiel de l’être au monde. (...)
Publié le 29 juin 2019
Chimères n° 13 : La chaosmose schizo
par
Félix Guattari

Voir aussi