Chimères n° 3 : « Cracks in the street »

par Félix Guattari

En réponse à l’invitation à votre colloque (1), j’avais suggéré de titrer ma communication : « Les fonctions existentialisantes du discours ». Mais après avoir traversé l’Atlantique, cette proposition est devenue : « Cracks in the text of the State ». Ça donne déjà pas mal à réfléchir ! Par la suite, on m’a expliqué qu’il serait plus convenable, dans une rencontre se plaçant sous les auspices d’une association se consacrant à la littérature, de rester quelque peu arrimé à l’idée de texte. O.K. ! Mais il n’en demeure pas moins que lorsque je parle de discours, ce n’est qu’incidemment qu’il est question de texte ou même de langage. Le discours, la discursivité, c’est d’abord, pour moi, un parcours, l’errance, par exemple, de Lenz, reconstituée par Büchner dans la vie profonde des formes, la rencontre de l’âme des pierres, des métaux, de l’eau, des plantes (2)… (...)

1. Conférence présentée à la « Modern Language Association » à New York, Sheraton Center, le 28 décembre 1986.
2. Georg Büchner : Lenz. in Complete Plays and Prose, Trans. Carl Richard Mueller (New York, Hill & Wang, 1963), p. 141.