Je voudrais essayer d’introduire les questions dites de la grille, c’est-a-dire les questions d’insertion du personnel dans l’institution.
Au départ, l’équipe de La Borde avait pour projet de développer, dans le contexte d’un établissement privé de taille relativement restreinte des méthodes qui avaient été expérimentées à l’hôpital de Saint-Alban, en Lozère, où Oury avait travaillé. Avant même le démarrage de La Borde, l’expérience s’était quelque peu amorcée au sein d’un petit groupe, dans la clinique de Saumery, qui est à une quinzaine de kilomètres d’ici. Il s’agissait, on peut le dire, d’un groupe assez fusionnel, qui s’était constitué à partir de gens qui s’étaient connus dans les Auberges de la Jeunesse ou dans la banlieue d’origine d’Oury — à la Garenne-Colombes — auquel s’était adjoint un certain nombre d’amis. Tout ça pour dire que les problèmes d’organisation interne se traitaient alors plutôt à l’amiable. Les questions d’horaires ne se posaient guère. Quand la clinique s’est installée ici, à La Borde, Oury ayant déménagé de Saumery avec une partie des malades — période héroïque s’il en fut ! — ce même état d’esprit a continué d’exister. C’était dans une situation de pénurie assez grande. Il n’y avait alors qu’une seule automobile — ça fait drôle, à présent, quand on voit la saturation dans les allées ! Et, pendant un certain temps, les choses ont continué de cette façon. Des personnes recrutées sur le plan local, sans aucune qualification, étaient venues s’adjoindre à l’équipe issue de l’ancienne expérience.
Après une période de tâtonnement — et même quelquefois de crise — il y eut mise en place beaucoup plus systématiquement des méthodes dites de Thérapie institutionnelle ; en particulier avec l’implantation du Club thérapeutique des ateliers, de l’animation culturelle et sportive. (...)