Jean Dubuffet avait qualifié d’"art brut" une période historiquement datée de la production plastique des malades mentaux internés dans les hôpitaux psychiatriques. Période approximativement clôturée par l’invention des « tranquillisants » au milieu des années cinquante. Indépendamment du jugement que l’on pourrait porter sur cette façon de circonscrire un courant d’expression artistique, il faut bien admettre que beaucoup de choses changèrent, par la suite, dans le domaine de la psychiatrie et de ce qu’il est convenu d’appeler « l’hygiène mentale ». Les H. P. furent relativement humanisés ; leurs portes s’entrouvrirent et la psychiatrie devait tenter, avec plus ou moins de bonheur, de s’implanter dans la cité. De leur côté, l’art et la culture, sous leurs formes quelquefois les plus contemporaines, telles que la photo, le cinéma, la vidéo, firent une timide entrée dans le monde des institutions psychiatriques, voire même dans les traitements. De tout cela il résulte qu’aujourd’hui il ne paraît plus tout à fait fondé de séparer les productions faites au sein des institutions psychiatriques et celles des artistes et des amateurs ordinaires, je veux dire sans qualité psychopathologique attestée ! (...)
Publié le 29 juin 2019
Chimères n° 4 : Art et folie
par
Félix Guattari

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