La pensée classique tenait l’âme éloignée de la matière et l’essence du sujet à distance des rouages corporels. De leur côté les marxistes opposaient les superstructures subjectives aux rapports de production infrastructuraux. Comment peut-on parler aujourd’hui de production de subjectivité ? Un premier constat nous conduit à reconnaître que les contenus de la subjectivité dépendent toujours plus d’une multitude de systèmes machiniques. Aucun domaine d’opinion, de pensée, d’images, d’affects, de narrativité ne peut désormais prétendre échapper à l’emprise envahissante de « l’assistance par ordinateur », des banques de données, de la télématique, etc. Dès lors, on en vient même à se demander si l’essence du sujet —cette fameuse essence, après laquelle la philosophie occidentale court depuis des siècles — ne se trouve pas elle-même menacée par cette nouvelle a machino dépendance » de la subjectivité. (...)
Publié le 29 juin 2019
Chimères n° 4 : De la production de subjectivité
par
Félix Guattari

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