(...) Mais, d’abord, qu’est-ce que c’est que ça, un " grand intellectuel de gauche " ? Il ne semble pas que nos auteurs [Max Gallo, Philippe Boggio] se soient vraiment posé la question. Il est de tradition, en France, qu’un certain nombre d’écrivains, de philosophes, plus rarement d’artistes, se voient promus au titre de porte-parole : 1) de leur spécialité, 2) d’une prétendue intelligentsia, 3) du génie propre à la nation, et 4) par extension suprême, de la culture universelle.
(...) Après le roman centré sur le mal d’écrire, le film sur la fin du cinéma, après le postmoderne et la mort de la philosophie, on lance le thème du prophète intellectuel pataugeant dans sa propre déchéance. Mais, monsieur Gallo, monsieur Boggio, je crains que vous n’arriviez bien tard ! Il n’y a déjà plus, ou pratiquement plus, d’abonnés aux numéros que vous demandez. Tous ceux qui font aujourd’hui profession de penser, de chercher, de créer, de produire d’autres possibles, ne se reconnaissent plus dans aucun porte-parole. Et, rassurez-vous sur leur santé, ils ne s’en portent que mieux !