(...) La plupart des écologistes n’ont pas encore réalisé la nécessité d’opérer une jonction entre l’écologie environnementale, l’écologie sociale et l’écologie mentale. Car, en effet, tout se tient : on ne peut espérer remédier aux atteintes à l’environnement sans modifier l’économie, les structures sociales, l’espace urbain, les habitudes de consommation, les mentalités. Dès que l’on aborde des écosystèmes humains, on est nécessairement confronté à des composantes sociales, politiques, à des systèmes de valeurs morales, esthétiques...
C’est ce qui me conduit à parler d’une écosophie qui aurait pour perspective de ne jamais tenir séparées les dimensions matérielles et axiologiques des problèmes considérés. Il faudrait prendre en compte par exemple, aujourd’hui, que ce ne sont pas seulement des espèces animales et végétales, des paysages naturels qui sont menacés, mais aussi des espèces culturelles, comme le cinéma d’auteur, des espèces morales, comme les valeurs de solidarité et d’internationalisme, et, plus fondamentalement, des "espèces existentielles", comme la propension non seulement à accepter mais à aimer la différence corrélativement à un renouvellement du goût de la vie, de l’initiative, de la créativité. (...)