Ce que l’on peu espérer de mieux d’un peintre, c’est qu’il devienne secrètement votre ami, qu’il se transforme en démon familier, déployant en votre for intérieur des scènes de rêve pour vos commémorations intimes, des fêtes galantes pour vos jours de grisaille. Cézanne, ses ocres et ses polyphonies méditerranéennes ; les sortilèges de Chagall ; les mystères du Douanier ; le cri de Munch... Tout un carrousel d’autocollants imaginaires pour pallier les terres natales dévastées, les lessivages incessants de nos espaces préfabriqués ; pour inculquer à nos âmes amollies quelques recettes de tri entre le bon goût et l’ivraie ; pour y inscrire, en désespoir de cause, quelques traits distinctifs de rang et de caste.
Précisons d’emblée que ce n’est pas dans ce registre que Fromanger s’est employé, depuis plus de vingt années, à faire fonctionner son oeuvre. (...)
Cet article a été publié dans Félix Guattari, Les Années d’hiver 1980-1985, Paris, Les Prairies ordinaires, coll. Essais, 2009.