Depuis une vingtaine d’années, les thérapies familiales se sont développées, principalement sous l’influence des théories systémistes anglo-saxonnes. Le noyau initial de celles-ci s’était constitué, dans les années 60, en Californie. Il s’agissait, à cette époque, d’appliquer la théorie des systèmes de Ludwig Bertalanffy à ce qui fut baptisé les "systèmes familiaux". Jusqu’alors, cette théorie des systèmes avait été surtout forgée pour des objets physiques, chimiques ou biologiques. Le fait de traiter, à partir de cette théorie, de problèmes humains, en particulier de problèmes psychopathologiques en termes de communication et d’interaction entre individus plutôt qu’en termes d’entités intrapsychiques, apparut à beaucoup comme une sorte de révolution. Les symptômes individuels furent considérés comme venant répondre à un déséquilibre du système, de façon à lui permettre de recomposer son homéostasie.
(...) Avec Si tu m’aimes, ne m’aime pas [de Mony Elkaim], (...) ce qui se passe désormais au premier plan, c’est un travail portant sur des "assemblages de singularité" impliquant le système familial, le système thérapeutique, le système de formation et, au-delà, l’ensemble des systèmes sociaux contextuels. La finalité d’un tel travail n’est pas de fournir des clefs interprétatives ou de produire des abréactions transférentielles, mais d’ouvrir de nouveaux champs de possibles et de générer des coefficients supplémentaires de liberté. (...)