Publié le 28 juin 1980

Félix Guattari : Petites et grandes machines à inventer la vie (Libération, 28/06/1980)

par Félix Guattari

Entretien avec Robert Maggiori.
RM : Certains de vos livres, notamment L’Inconscient machinique, sont d’un accès particulièrement difficile, en raison de l’extrême abstraction de la langue, des néologismes, de la variété des vocabulaires empruntés à des disciplines très différentes Est-ce là un jeu, un peu élitiste, ou bien une nécessité due à l’objet même de vos recherches ?
FG : Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas un jeu c’est peut-être une insuffisance ou une nécessité. Insuffisance ? S’il s’agit des livres que j’ai écrits avec Gilles Deleuze, je ne crois pas que ce soit la bonne définition. En ce qui concerne mon travail personnel, disons que c’est une déficience chronique. Mais c’est à vous d’en juger ! (...)
Forger un langage cela signifie inventer des mots, des mots clés, des mots-valises, dans le meilleur des cas, des mots-outils capables d’ouvrir une problématique, de la véhiculer et de l’articuler dans divers champs. Je ne crois ni à la littérature ni à la philosophie universelle, mais plutôt aux vertus des langues mineures. (...)

Cet article a été publié dans Félix Guattari, Les Années d’hiver 1980-1985, Paris, Les Prairies ordinaires, coll. Essais, 2009.