Terminal : Peux-tu nous développer cette phrase relevée dans ton livre : Les trois écologies : « il est de moins en moins légitime que les rétributions financières et de prestige des activités humaines socialement reconnues ne soient régulées que par un marché fondé sur le profit. » On parle pourtant d’universalité du marché.
Félix Guattari : L’idéologie néolibérale justifie la souveraineté du marché par la liberté d’échange. Elle postule l’existence d’un marché abstrait surcodant et régulant l’ensemble des sphères économiques. C’est un leurre tout-puissant. Le « marché » n’existe pas. Par contre existent toutes sortes de marchés. Exemples : celui de l’armement tenu par les puissances étatiques, les marchés régionaux, locaux, mais aussi les marchés parallèles de la drogue, de la mafia, ou encore le marché de l’art. À un niveau micro-sociologique existent les marchés domestiques, ceux du troc dans les pays sous-développés…