LES extraditions et les expulsions des Basques réfugiés en France entraînent une fêlure grave, peut-être irréversible, dans la confiance que nous portions, malgré toutes les incertitudes, au gouvernement de François Mitterrand. Plus graves que les faits et les circonstances de cette affaire, nous paraissent être la légèreté et l’inconsistance, pour ne pas dire le cynisme, des arguments sur lesquels on a tenté de les fonder.
Jusqu’alors l’asile politique était considéré comme un droit fondamental. En cela notre pays se distinguait de nombreuses autres puissances qui ne le reconnaissent pas, ou seulement sur le papier. (...)
Quelle Europe entend-on construire avec de tels procédés ? Celle des libertés ou celle du contrôle social et de la sécurité érigés en culte suprême ? L’Europe des dissertations internationales est une chose ; l’Europe des réalités concrètes en est une autre. (...)