Il est troublant de constater à quel point la psychanalyse innerve l’imaginaire commun de nos sociétés occidentales, alors même que depuis quelques décennies elle semble avoir perdu une vigueur et une légitimité sociales qu’elle affichait jusque dans les années 70, en France. Ce texte propose quelques pistes critiques pour ouvrir cette réflexion... urgente !
L’urgence psychanalytique

1. Éléments d’actualité :
Il y a un peu plus d’un an, le 8 février 2019, une tribune de l’historienne Elisabeth Roudinesco paraît dans Le Monde et revient sur les causes endogènes et exogènes du « déclin de la psychanalyse ».[1] Diagnostic qui fut reçu avec beaucoup d’ambiguïté chez les psychanalystes[2] tant cela révélait un écart entre, d’une part, l’état de notre pratique et de notre recherche, et, d’autre part, sa reconnaissance et sa légitimité politique, pour le moins abîmées.
Les 1er avril et 10 avril 2019, deux autres tribunes[3] lui répondaient, rédigées par Sophie Marret-Maleval et Aurélie Pfauwadel, ainsi que Christiane Alberti et Virginie Leblanc, et insistaient sur la vitalité bien actuelle de la psychanalyse. Malheureusement, la vitalité ne peut se soutenir d’îlots urbains tandis que des services de soin psychique agonisent et que la place accordée à la parole y est de plus en plus réduite.
C’est peut-être surdéterminer l’actualité et oublier que depuis sa naissance, la psychanalyse demeure sur une ligne de crête. Aussi, les chefs d’accusation de charlatanisme, pseudo-science, ou bien sur un autre plan, de discipline bourgeoise régie par un déterminisme familialo-sexuel, abondent de part en part. Soit un double aspect des critiques : épistémologiques et morales. Ces-dernières sont tenaces et engagent à la nécessité de s’y confronter. Pourtant, des événements récents nous alertent et nous rendent particulièrement sensibles à la nature et à l’accroissement des attaques. Parmi celles-ci, la création du Conseil scientifique de l’Éducation nationale (janvier 2018), par Jean-Michel Blanquer, et dont la tête haute n’est autre que Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, psychologue cognitiviste et neuroscientifique ; Conseil qui ne compte aucun.e psychologue d’orientation psychanalytique... En d’autres termes, y compris dans le domaine de l’Éducation Nationale, la chape de plomb neuro-scientifique et comportementale s’abat et revêt l’illusion de la neutralité scientifique.
Pour autant, ne soyons pas dupes et n’imputons pas cela à nos seuls ministères, mais surtout à leur inféodation au règne de l’économie régi par les lois du new public management et d’une nouvelle bureaucratie d’agences sanitaires. Ces-derniers organisent une austérité budgétaire et une inflation réglementaire inédites qui rendent exsangues nos lieux de soins et de savoir.
En guise d’apothéose anecdotique, les réseaux sociaux auront promu durant l’année 2019 ce qui pourrait être une farce : le « documentaire » Le Phallus et le Néant de Sophie Robert, qui reçut même un franc accueil parmi certains milieux féministes. Sans nier qu’une littérature et des propos absolument patriarcaux circulent parmi les psychanalystes, nous étions un peu désolé.e.s que ce documentaire indigent et malhonnête ait bénéficié d’un tel intérêt. Nous avons par ailleurs, avec d’autres collègues, assisté à la projection en avant première à l’Assemblée Nationale, le 26 mars 2019, de son dernier « documentaire » Hold-up sur la psychologie qui, à partir de certains témoignages, abordait la présence « trop importante » et « masquée » de la psychanalyse dans les formations universitaires en psychologie. Quatre députés LREM étaient annoncées,[4] la projection était organisée par l’APSU[5], et animée pas son directeur Thomas Chazelle (présent dans le « film ») ainsi que par leur « tête pensante », Franck Ramus[6]. La fin de la projection connut, comme il était prévu, l’indignation des députées qui s’empressèrent de rassurer les « vrais-psychologues-scientifiques » concernant les mesures qui seraient prises pour contrôler les modalités de formations à la psychologie.[7] Il faut souligner ici que réfléchir à la dimension scientifique de la psychanalyse ne nous gêne aucunement. Freud a d’ailleurs inclus cette réflexivité au projet disciplinaire.[8] Ce qui nous pose problème est la définition idéologique et réductrice de "La" science, utilisée par ces nouveaux technocrates scientifiques.
En octobre 2019 paraît le rapport IGAS (Inspection générale des affaires sociales) chapeauté par Julien Emmanuelli et François Schechter. Il procède d’une demande de la ministre des solidarités et de la santé afin d’évaluer des expérimentations qui proposeraient à condition variable, des remboursements pour les consultations de psychologues en libéral. Cette demande, salutaire, émane d’un constat peu étonnant qui souligne la disparité, voire l’absence de proposition de soin psychique au sein de structures publiques en France. (Bien souvent des listes d’attente pour les CMP pouvant aller jusqu’à 2 ans suivant les zones géographiques !) Cette situation ne permettrait donc pas de faire face à l’autre constat, l’inflation des « troubles psychiques », ce, nonobstant le budget alloué aux « maladies psychiques », le deuxième plus important pour la Sécurité sociale.[9] Un aspect particulièrement important ressort de ce rapport : « la mission (…) d’examiner la question de la formation et des conditions d’exercice des psychologues cliniciens ».[10] En effet, il appert que les autorités sanitaires ne peuvent pas suffisamment superviser le contenu théorique et pratique, par-là prévenir d’une trop grande « hétérogénéité ». Si l’apparente innocuité du rôle des ARS et leur volonté de contrôler et d’homogénéiser les pratiques et les formations des psychologues a semblé à bon nombre de psychologues, psychanalystes, psychiatres, problématique c’est au moins pour deux raisons[11] - leur initiative ayant d’ailleurs donné lieu à une pétition massivement partagée. La première de ces raisons tient au contenu théorique et pratique préconisé par les autorités sanitaires. La pluralité des formations ne peut être remise en question, de surcroît les méthodes recommandées s’inscrivent explicitement dans des approches scientifiques expérimentales - dont nous avons déjà noté la représentativité au sein du conseil proche du ministère de l’éducation Nationale - qui répondent à des soucis gestionnaires manifestes. Celles-ci charrient bien souvent une vision positiviste du « trouble psychique » ainsi qu’une temporalité peu appropriée à certains « troubles », c’est pourquoi il est nécessaire de conserver un éclectisme universitaire et institutionnel. L’autre raison tient au statut des psychologues, qui pour être remboursé.e.s, devraient passer sous l’égide d’une prescription par un.e médecin généraliste. Outre que cela freine l’accès direct à un.e psychologue, le/la médecin serait donc en mesure de prescrire le nombre de séances (!) et de réclamer des informations confidentielles relatives aux patient.e.s. En somme, la proposition d’élargir le remboursement aux consultations psychologiques semble extrêmement utile socialement, sans toutefois inféoder la fonction des psychologues à l’ordre médical au risque de restreindre leur liberté d’exercice.
A partir de ce petit récapitulatif liminaire, une impression contradictoire nous saisit : celle d’agiter de vieux drapeaux, tant cela fait longtemps que le péril guette, et celle d’apparaître « complotiste », quand ce terme est devenu le soupçon qui signe l’annulation de toute crédibilité. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de craindre que des décisions politiques, de plus en plus proches de certain.e.s scientifiques, et dont l’unisson commence à écraser la supposée diversité si chère au libéralisme, entérinent peu à peu l’impossibilité d’exercer, en tant que praticien.ne.s formé.e.s à la psychanalyse au sein des institutions, ainsi qu’au sein de notre pratique privée, en tant que psychologues d’orientation psychanalytique, où nous pourrions craindre d’avoir des comptes à rendre au pouvoir médical... Mais loin de demeurer sur ces griefs à l’égard d’inflexions politiques de plus en plus affichées et leurs conséquences institutionnelles bien réelles, il nous faut à présent considérer là où la psychanalyse a peut-être loupé un coche ….
2. « Perte d’autorité » de la psychanalyse :
En juin 2003, les États généraux de la psychiatrie ont été organisés par les psychiatres et psychanalystes Hervé Bokobza et Christian Vasseur. Samuel Lézé, antropologue, rapporte que « la thématique centrale et fédératrice qui ressort de ces journées est la défense de la clinique du sujet et la nécessaire résistance à sa disparition. (…) La souveraineté de la psychanalyse est, pour finir, très simplement rappelée en « exprimant le souhait que la psychanalyse occupe une place de référence majeure dans la formation des professionnels. »[12]
Il aura fallu près de 20 ans pour que la ministre de la santé Agnès Buzyn entérine la fin de cette référence en nommant, l’année dernière 2019, comme délégué interministériel à la psychiatrie, Franck Bellivier qui ne se dit même pas psychiatre, mais « expert biomédical en psychiatrie/psychologie, neurosciences et comportement ».[13]
C’est dans un contexte d’urgence qu’il faut sentir les différents discours à adopter, selon où l’on se trouve. A savoir, si la psychanalyse est de plus en plus inaudible sur la scène politique et sociale, cela tient probablement à des points aveugles qu’il convient de prendre en compte ; pour autant, c’est aussi dans un contexte de grande précarisation des subjectivités mêmes, qu’elle demeure une des références pratiques et théoriques qui puisse en garantir le respect. De nombreux personnels de soin alertent sur les conditions asilaires de certains services psychiatriques et dénoncent les abus de la neurochimie.[14]
Afin d’être au plus juste, il faut partir de l’impression que suscite pour nous, qui sommes deux jeunes praticien.ne.s, ce qui se constitue, dans une hétérogénéité certes très grande, comme les lieux de réflexion et de transmission psychanalytiques. Le contraste est parfois saisissant entre, d’une part, des interventions d’une exceptionnelle qualité, parvenant à réunir d’autres champs épistémiques pour dialoguer, et d’autre part, des événements plus mondains que scientifiques. Entre, d’une part, des pratiques cliniques ciselées de dentelle et un engagement éthique rare, et d’autre part, des préjugés effarants coulés sous de spécieuses justifications théoriques. Il ressort en somme, et il semble bien qu’un large ensemble de jeunes praticien.ne.s partagent ce même constat mitigé, une ambivalence à l’égard des « aîné.e.s » très grande…
Pour autant, il semble bien qu’une « jeune » génération ait pris le relais et soit décidée à entamer un travail de bouleversement épistémologico-pratique. Pour ce, il faudra donc tenir au « cœur de métier » analytique, aussi à la rigueur de certains concepts, à cette présence si particulière, qui si elle diffère selon chaque praticien.ne, ne prête jamais le flanc aux émois de la compassion, et, également demeurer circonspect.es face à « l’intégratisme » psychologique, fourre-tout qui galvaude la spécificité de nos approches.
Ces impressions nous ont donc amené.e.s à tenter de comprendre le coche qu’avait peut-être raté certain.e.s psychanalystes, entre l’époque où leur représentation sur la scène sociale et politique du soin psychique était assurée, et celle où on décide d’en faire fi.[15]
Il nous faut donc revenir sur l’« autorité culturelle » de la psychanalyse. Nous empruntons cette expression à Samuel Lézé qui dans son ouvrage, L’Autorité des psychanalystes[16], analyse finement le régime d’autorité de la psychanalyse, si particulier en ce qu’il ne se fonde ni universitairement, ni scientifiquement. Il constate une « perte d’autorité culturelle » de la psychanalyse, principalement au sein des années 1997-2007 qui ont vu un tournant dans la place qu’elle occupait socialement. Cette perte s’exprime de différentes manières et selon différentes justifications. Nous tenterons d’en circonscrire et analyser certaines causes en nous appuyant, entre autre, sur son analyse anthropologique. Pour le moment, nous nous intéresserons surtout à sa situation comme pratique libérale, ainsi qu’à sa transmission culturelle.
Cette période connaît une inflation de, ce qu’il nomme, la « juridiction des problèmes personnels ». Nous pouvons la définir comme une stricte émanation d’un nouveau mode de gouvernance à partir du « bien-être ». Matthieu Bellahsen, psychiatre, étudie très bien l’infléchissement de ce « santémentalisme » dès les années 1980-1983, soit en plein tournant néolibéral. A partir d’une analytique foucauldienne de la gouvernementalité, il souligne l’hypostase du modèle entrepreneurial au cœur même de l’individu. Les instances européennes et mondiales s’intéresseront désormais à la gestion de ses affects et du bien-être. Si, a priori, la psychanalyse a pu donner l’idée d’un individualisme exacerbé, son tranchant politique charrie bien au contraire, une idée du sujet éminemment politique, et elle put récuser cette nouvelle hégémonie juridique et sémantique. Ainsi, déjouant les attentes des normes désormais en vigueur, elle devint une figure de « résistante » . Ici, cette résistance au diktat du « bien-être » n’est pas que de posture, car loin de dédaigner la souffrance d’un patient.e, il est extrêmement rare de trouver un.e psychanalyste qui pourra répondre de ce que doit être ce bien-être. Il a donc dû être extrêmement délicat de maintenir la nécessité de la psychanalyse dans le champ social, sans pour autant qu’elle ne puisse répondre aux attentes normatives de ce même champ ! Samuel Lézé ramasse donc cette période qui, à partir de trois vecteurs, à savoir de réformes économiques, d’innovation technologique et d’harmonisation des normes gestionnaires et épidémiologiques, amène la psychanalyse dans une position de résistance face au diktat de l’évaluation qui prend, elle, les atours d’un nouvel humanisme. C’est de cette place de « résistante » qu’elle tirera désormais sa légitimité au sein du champ politique.
Aparté critique sur ce nouvel humanisme :
Il faut souligner que les prétentions scientifiques des méthodes nouvellement promues, et qui servent aussi aujourd’hui de discrédit à l’égard de la psychanalyse, sont gorgées d’injonctions psychologiques. Celles-ci sont largement portées par un certain type de vulgarisation des sciences biologiques, des neurosciences et de la génétique. Sébastien Lemerle, dans son livre Le singe, le gène et le neurone. Du retour du biologisme en France[17] nomme cette tendance le « biopsychologisme », à savoir, une manière de se réapproprier le discours de ces sciences en en faisant une nouvelle morale contemporaine. Celle-ci, entretenant sans cesse la confusion entre un discours descriptif et un discours prescriptif, qui enjoint un retour à soi-même afin se ressaisir de ses propres déterminants biologiques ou de ses propres émotions, naturalisant par la-même ce qu’il faudrait se réapproprier (son sexe, ses émotions, soi-même etc.). Le point c’est que ce discours n’est pas fataliste, il est volontariste et se présente comme une émancipation possible, ce qui explique son succès, en même temps que sa collusion avec les a priori libéraux : on est responsable de soi-même mais c’est une émancipation strictement individuelle et dépolitisante, ne prenant jamais en compte la collectif social dont on est issu.e. Cette idée résulte d’une réappropriation de la biologie par certaines figures en vue des années 70, Edgar Morin par exemple, pour tenter de trouver une émancipation autre que celle proposée par le marxisme, considéré comme un discours passéiste et trop rigide. Il a alors fallu proposer une nouvelle figure du sujet, mais un sujet psychologisé non divisé, aussi bien psychiquement que socialement, qui doit se modifier lui-même plutôt que de modifier l’ordre social. L’idée de nature humaine contestée tant par la sociologie, l’anthropologie et la psychanalyse, est réaffirmée sans questionnement, ce qui permet aux personnes tenant ces discours de se présenter comme humanistes et progressistes.
3. La situation sociale analytique :
Eu égard aux transformations du champ de la santé politiquement, comment la psychanalyse peut-elle conserver sa puissance subversive, récuser la logique concurrentielle de marché, sans courir le risque d’une insularisation ? Comment demeurer populaire aux deux sens du terme : visible socialement et accessible aux classes moyennes et pauvres ? Il est tout à fait cohérent de sa part de refuser la compromission libérale, mais le devenir-aristocratique d’une psychanalyse petite-bourgeoise et cultivée n’est pas moins dangereux. Peut-on émettre l’hypothèse d’un loupé dans la transmission d’une psychanalyse qui peut se saisir comme objet, théorique et pratique, et se rendre intelligible. Il ne s’agit pas de confondre intelligibilité et vulgarisation. Tout autant, il est important pour notre pratique de résister à la forme-manuel qui inonde le champ de la psychologie, mais l’on peut inventer une transmission audible et exigeante d’une pratique. Par ailleurs, fonder comme condition sine qua non l’expérience vécue du transfert, n’élude pas qu’il faille vouloir désirer cette expérience, et que ce désir ne peut surgir d’un ex-nihilo social. C’est bien le nœud de l’affaire, ce retranchement – ou ce que nous nommons devenir-aristocratique - renforce également ce que Samuel Lézé nomme « l’opacité de l’offre »[18] psychanalytique. Ce mode de visibilité sociale n’est pas nouveau, mais s’exacerbe au point de devenir une pratique d’initié.e.s, pour qui le statut « expérentiel » de la psychanalyse se substitue à l’impératif curatif. L’écueil de ce retranchement, même s’il se fonde à partir d’intentions politiques anti-libérales – voire anti-capitalistes pour certains points – c’est qu’il ne se convertisse en pratique d’élite. A celleux qui par leur milieu (famille et/ou ami.e.s) ont accès à une connaissance peut-être un peu plus claire de l’offre psychanalytique, on peut se demander si les milieux privés de tant de capital symbolique, n’auront pas plus recours aux réseaux d’informations, tels les médecins généralistes, les sites internet (Doctissimo etc.), qui n’ont souvent que peu d’idées sur la psychanalyse, voire des préjugés dissuasifs, ou bien encore le recours au développement personnel. Cette « consécration par les marges »[19] court un risque de découpage social discriminant – les pauvres n’auraient-ils le choix qu’entre la chimie et le coaching, soit dans les deux cas, l’expropriation d’expériences subjectives ?
Comme nous le répétons, loin que la psychanalyse ne soit historiquement une pratique bourgeoise[20], elle pourrait le devenir si elle n’entretient pas une visibilité populaire d’elle-même. A partir de cette prémisse, différentes questions en découlent : la « structure sociologique particulière » de la relation analytique[21] n’a peut-être pas été travaillée ? Son régime de légitimité et de transmission ne réside-t-il pas sur des leviers discursifs qui prennent racine dans des habitus bourgeois ? Ainsi, cela amène des sociologues comme Didier Eribon[22] a désavouer dans sa totalité une pratique et une référence théorique qui clignote pourtant comme le seul phare dans une vallée de larmes psychiques. Ce-dernier écrit : « Il n’en reste pas moins qu’il est légitime et nécessaire d’exhumer la structure sociale – je veux dire la structure de classe – qui sous-tend, (…) l’architecture conceptuelle et les prétentions thérapeutiques de la psychanalyse. La famille bourgeoise et la famille ouvrière ne sont pas identiques l’une à l’autre, les conditions de vie et de travail non plus. Ce sont des modes de socialisation, des rapports au monde différents (…). Et le rapport de la classe ouvrière, des classes populaires à la psychanalyse a été quasi inexistant : le divan est un luxe bourgeois, et l’on peut avancer – (…) - que la psychanalyse a, dans une large mesure, pour fonction de procurer une idéologie de soi à la petite bourgeoisie culturelle, et une occasion de s’adonner sans retenue aux délices du narcissisme complaisant. »[23]
Le glissement est hâtif et quasi-inaperçu entre une critique épistémologique et sociale fondée, et le « narcissisme complaisant d’une petite bourgeoisie » venant corroborer l’amalgame psychanalyse-bourgeoise. Comme si le lieu offert par l’analyse engageait intrinsèquement à cette forme de parole (alors que le présupposé de l’association libre n’en préconise précisément aucune), au lieu de s’interroger sur les conditions de cette parole spécifique et sur la possibilité d’en modifier les coordonnées.
Lorsque nous qualifions une certaine psychanalyse de bourgeoise, il faut l’entendre ici au sens polymorphe bourdieusien du capital, de convertibilité du capital symbolique en d’autres formes de capital. Le cœur de la « structure sociologique particulière » psychanalytique n’étant pas que financier, mais là où les ressorts sociaux, - une manière de parler, de se tenir, de se taire - assurent de toute façon la reproduction d’une classe dominante au sein d’un champ. A savoir que c’est surtout au rapport langagier que nous faisons référence, et à son inscription sociale. Samuel Lézé, au cours de son travail d’enquête anthropologique, rapporte judicieusement le mode métaphorique d’adresse ou de réponses de certain.e.s psychanalystes. Il faut sans doute admettre une affinité structurelle entre la métaphore et ce qui ressortit aux formations de l’inconscient, mais, pour autant, qu’est-ce que la forme de cette parole produit chez le/la patient.e non-initié.e, à savoir qui ne possède pas le même rapport au langage, et dont le caractère sibyllin peut intimider, troubler en ce qu’il est toujours le privilège de la classe dominante, de savoir jouer sur tous les niveaux de langage.
Bourdieu définit le « capital linguistique » comme « des cas où le locuteur autorisé a tellement d’autorité, où il a si évidemment pour lui l’institution, les lois du marché, tout l’espace social, qu’il peut parler pour ne rien dire, ça parle. »[24] Cela heurterait bon nombre d’analystes que la situation analytique puisse être lue comme n’importe quelle situation sociale où les lois du « marché linguistique » circulent et opèrent, et pourtant ne pas, au moins en un aspect, y être attentif, conduirait au risque de redoubler les structures de domination de l’ordre linguistique. Comme le souligne justement Samuel Lézé : « On a tendance à imaginer que la cure est l’espace abstrait d’une expérience spécifique où se joue la rencontre de deux sujets, chacun mû par un désir inconscient. Or, transformer des individus en sujets est un acte social. Faire abstraction des identités sociales de l’échange langagier n’est pas neutre, c’est une condition sociale de cet échange et du travail sur soi. »[25] Nous pouvons, au moins dans deux situations, interroger un type spécifique de parole psychanalytique, et ses effets sociaux.
1. En juillet 2000, moment critique, les États Généraux de la psychanalyse sont convoqués et chapeauté par le psychiatre-psychanalyste René Major. Lézé, une nouvelle fois, en rapporte une critique anthropologique : « Selon toute vraisemblance, ces modes d’intervention sont ceux de l’analyste ou de l’analysant en séance : les rêves et anecdotes d’un patient sont parfois suivis – dans un contexte silencieux – de la reprise de certains mots ou du retournement par une question d’une situation décrite. Cela indique que l’attitude et le discours analytique privé imprègnent l’objet ou le thème à débattre publiquement. Ce thème devient impossible à débattre puisque les ressorts de l’analyse ne sont pas dialogiques, d’où l’impression à certains moments de ne pas vraiment assister à des états généraux mais à une « thérapie de groupe ». (…) Au lieu d’exposer et de décrire leur situation, les analystes métaphorisent et surinterprètent un domaine (le social) qu’ils constatent (diagnostic) « en crise ». Mais cette « crise » de la psychanalyse semble provenir en premier lieu de leur discours décalé et pourtant appliqué à la situation. »[26] En quelque sorte, on assiste si l’on en croit cette description, à l’impossibilité de se saisir comme engagés politiquement et à redécouper le sens et la vigueur de leur pratique. Si l’alternative posée est ou bien se corrompre en consentant aux injonctions néo-libérales, ou bien se conserver tels quels, c’est méconnaître que le rapport de force est en défaveur de la psychanalyse et qu’il aura tôt fait de labourer de plus en plus de terrain. Il s’agit d’une forme de légitimation qui, sans prendre le temps de poser sa nécessité dans le champ scientifique et social, prend les atours d’une rhétorique de rentiers. Aussi, les États Généraux se concluent par « la réaffirmation – gratuite et incantatoire – de l’autonomie (face à une réglementation extérieure) et de la spécificité (face aux psychothérapies) de la psychanalyse »[27], qui semble certes conséquente à ce moment-là, mais sans être parvenu à la redéfinition éthique et théorique d’une psychanalyse minoritaire dans un contexte de mondialisation. Pourtant ce moment important a infléchi plusieurs initiatives afin d’inscrire la pratique psychanalytique au cœur d’une question politique, malheureusement ces expériences demeurent peu connues et, surtout, peu représentées dans l’imagerie populaire de la psychanalyse.[28]
2. Dans la situation analytique, avant même de parler de transfert, parlons des conditions de possibilité du transfert. En ce sens, quelles en sont les conditions sociales ? Nous allions dire « indépendamment de la question financière » quand de nombreux/ses analystes acceptent des tarifs bas, mais il faut pourtant s’y appesantir quelques lignes. Ceci, tant parce que l’idée que les tarifs se fixent au cas par cas n’est pas extrêmement répandue, le préjugé selon lequel le prix des psychanalystes soit élevé est tenace ! De surcroît, de nombreux présupposés (les séances manquées payantes, le paiement privilégié en liquide) et de seuils (« pas en-dessous de »), encore appliqués par certain.e.s analystes, requièrent de la part des patient.e.s un savoir a priori, au risque de se retrouver dans une situation embarrassante, voire humiliante socialement. Mais reprenons – même indépendamment de la question financière, quel type de rapport social s’institue entre un.e patient.e et l’analyste lorsque ce/tte-dernier.e ne répond pas, demeure silencieux/se ? Il est évidemment que, d’un point de vue strictement analytique, ce silence est très probablement la condition pour que l’analysant.e vienne à parler (au risque de tomber dans les rets d’une relation par trop spéculaire et interactive), mais en est-ce la condition de possibilité sociale ? Autrement dit, à quoi ce silence réfère en termes de structures de domination linguistique ? De qui est-ce le privilège de ne pas parler, de s’y sentir autorisé ? Par ailleurs, cela peut également créer un découpage social extrêmement discriminant entre certain.e.s patient.e.s initié.e.s qui se représentent certains attendus en allant voir un.e analyste (même si ces attendus seront finalement mis à mal !) - donc qu’iel puisse ne pas leur répondre-, et d’autres, profanes, pour qui ce silence pourra paraître extrêmement arrogant, voire violent.
Au silence, on trouvera d’autres alternatives de non-réponse en forme de métaphores poétiques, voire pythiques, ces-dernières engagent également à y débusquer les soubassements sociaux. De quels habitus ces signifiants et cette structure langagière pourront-ils redoubler la structure de domination sociale ? Tout ceci sans compter que de nombreux cabinets d’analystes abritent un decorum spécifique (nombreuses bibliothèques, musique classique, appartements haussmanniens etc.) qui peuvent renvoyer au régime d’une culture dominante et légitime, et dans certains cas, écraser une parole trébuchante qui voudrait s’y aventurer. Au risque d’être dévoyés, nous insistons : notre dessein n’est ni prescriptif, ni moralisateur. Il ne s’agit pas d’incriminer tel ou telle psy qui arbore sa collection de « Beaux Arts magazine », la question ne soulève pas un élément esthétique ou langagier isolé, mais un ensemble de signes de reconnaissance sociale qui peut avoir des effets, surtout lorsqu’il conjugue différents éléments. Être attentif/ve à ces effets dans le transfert suppose de pouvoir en penser les causes hors transfert.
Si le transfert instauré, - une confiance – permet de traverser les résistances, voire les violences, qui peuvent apparaître, il faut pourtant les conditions de possibilités de mise en place de ce transfert ! Si la psychanalyse s’est vue réduite à occuper une place marginale, sa circulation n’est-elle plus qu’assurée par des milieux où une forme d’endogamie sociale règne[29] ? Cela nous amène à considérer les violences auxquelles cette rencontre peut confronter et qu’elle doit pouvoir penser. Par conséquent, c’est dans le domaine de sa transmission et de son travail épistémologique qu’elle peut se rendre attentive aux structures sociales qu’elle redouble.
4. Un travail de refonte épistémologico-pratique nécessaire :
Bon nombre d’analystes, parmi lesquels Anton von Freund, Max Eitingon, Ernst Simmel, Anna Smeliansky, Karl Abraham, Sandor Ferenczi, et bien d’autres, ont travaillé à rendre la psychanalyse accessible aux classes populaires. En 1920, parmi d’autres exemples, l’Institut psychanalytique de Berlin prend corps.[30] Freud lui-même, dans une communication à Budapest en 1918, déclare explicitement : « un jour ou l’autre, la conscience morale de la société s’éveillera et elle lui rappellera que le pauvre a tout aussi bien droit à l’aide animique (…) alors seront édifiés des établissements ou des instituts de consultation auxquels seraient affectés des médecins formés à la psychanalyse (…) Ces traitements seront non payants. (…) Sans doute ne pourrons-nous souvent aboutir à quelque chose que si, à la manière de l’empereur Joseph, nous pouvons associer l’aide animique au soutien matériel. »[31] Nos CMP d’orientations analytiques et autres lieux d’accueil gratuits (EPOC etc.) en sont les ramifications. Néanmoins, c’est un passage trop oublié de l’historiographie analytique, et tandis que certain.e.s psychanalyste.s exhument et écrivent ce nouvel héritage, récemment le beau travail de Florent Gabarron-Garcia[32], il s’agirait de travailler à cette diffusion.
Nous reconnaissons que depuis quelques années un profond travail de refonte épistémologique a été amorcée dans le champ analytique. Lorsque nous parlons avec nos « jeunes » collègues, il est de patent de mesurer l’écart avec des postures psychanalytiques dont nous avons nous-mêmes subi parfois l’arbitraire. Les sensibilités politiques sont différentes, notre hégémonie n’est plus celle d’antan, et tout en gardant intact notre attachement à la psychanalyse, une certaine sacralité a heureusement chue, libérant audace et naturel face aux patient.e.s.
Pourtant, de nombreux préjugés sont tenaces – de genres très souvent, déguisés en élaborations psychopathologiques -, mais bien aussi, comme nous ne cessons de le dire, sociaux : « il faut payer pour être au travail dans la cure ». Les représentations sociales, elles, ont la vie dure, à tel point que le signifiant psychanalyse, lorsqu’il est prononcé dans l’espace médiatique, charrie toujours un imaginaire familialiste et déterministe. L’apport lacanien, qui pourrait à cet égard bousculer les a priori,[33] est quant à lui souvent balayé d’un revers de main sous couvert de faconde absconse. Cela tient peut-être malheureusement à l’archétype d’un Lacan mondain, bourgeois, parisien, de droite, qui s’est vu également discrédité par une partie de la gauche de son époque. Le portrait n’est probablement pas erroné sous tout rapport, mais s’en tenir là c’est personnalisé à outrance un vrai bouleversement épistémologique et pratique, et passer à côté d’un enseignement fleuve salutaire d’intelligence et d’audace. Il est en revanche probable que la descendance lacanienne, en voulant conserver la lettre, ait eu du mal à produire autre chose en mimant une fidélité quasi religieuse...
Par conséquent, il faut reconnaître, ne serait-ce que pour ne pas laisser le luxe de l’offense aux seul.e.s « ennemi.e.s » déclaré.e.s, et parce qu’il faut y travailler, que de nombreux préjugés intronisés comme référents, existent dans notre champ, ainsi que des relents patriarcaux et hétéronormés. Il serait pourtant malhonnête d’imputer cela seule à la psychanalyse : tout champ discursif porte en lui l’empreinte idéologique de l’époque, et il est souvent beaucoup plus délicat d’en exhumer les traces lorsqu’elle instille le domaine scientifique – supposé neutre. Cela tient également au fait que la psychanalyse ait constitué comme ses objets : la sexualité, l’œdipe, la différence des sexes, etc. et ici c’est à un immense labeur de critiques que les jeunes générations de clinicien.ne.s et de chercheur.e.s s’attellent.[34] Ce sont des objets qui nourrissent les fantasmes, qui peuvent aussi bien stimuler que sidérer la pensée et la faire tourner à vide, de façon autarcique.
Inventer de nouveaux référentiels, de nouveaux postulats, procèdent d’un travail lent dont nous voyons pour l’instant les effets par éclats. A cet égard, Freud, un peu amer, écrivait à propos d’Eistein : « il a eu la vie beaucoup plus facile que moi. Il s’appuyait sur l’héritage d’une longue suite de prédécesseurs depuis Newton, alors que j’ai dû me frayer un chemin tout seul au milieu d’une jungle épaisse. »[35]. L’inscription historique et épistémique de la psychanalyse est donc toujours à construire ; il est par conséquent parfois compliqué de destituer radicalement certaines assertions freudo-lacaniennes, lorsqu’elles offrent des mythes originaires. Ceci parce que nous méconnaissons souvent nous-même notre héritage, nous pensons rarement l’histoire de la transmission et des ruptures dans notre discipline.
Le concept principal avec lequel les psychanalystes travaillent, et qui distingue leur pratique des autres psychothérapies, est celui d’inconscient. Pourtant c’est celui qui est impossible à saisir en lui-même, à cet égard Freud écrivait : « L’analyste, lui aussi, se refuse à définir l’inconscient, mais il peut mettre en évidence le groupe de phénomènes dont l’observation lui a fait postuler l’existence de cet inconscient. »[36] Cet inconscient s’il ne se saisit qu’à partir de ses effets – effets dont les contours sont à dessiner à mesure que les lunettes conceptuelles s’affûtent -, offre sans doute le matériau le plus précieux : ses propres outils de réflexivité épistémologique. Un peu prophète, Derrida déclarait déjà en 2000, lors des États Généraux de la psychanalyse :
La doléance peut concerner le dedans supposé de la psychanalyse : l’inexistence ou le dysfonctionnement d’une communauté nationale ou internationale des psychanalystes, le caractère toujours problématique d’une institutionnalisation de cette chose qu’on appelle psychanalyse, (...) l’absence radicale de consensus au sujet des règles pratiques, des protocoles de formation didactique, etc. ; l’absence radicale d’un discours éthique, juridique, politique, (…) etc. ; on pourrait étendre cette liste, ce ne sont là que des exemples indicatifs (…). La doléance peut aussi concerner le supposé dehors de la psychanalyse : rapports avec la société ou avec l’État, avec la corporation médicale classique, non-reconnaissance ou appropriation menaçante par des autorités étatiques, (...), concurrence de discours pharmaco-psychiatriques (...) développement d’une idéologie politique dont l’hégémonie crée des conditions favorables à la culture psychanalytique ; incapacité pour une psychanalyse essoufflée, d’abord en raison de sa culture d’origine – européenne, gréco-abrahamique, bourgeoise-libérale, etc. - de se mesurer à tous les processus de mondialisation en cours.[37]
Il reste à nous emparer de cette radicalité et d’inventer de nouvelles formes d’habiter et de rendre vivable la psychanalyse.
[2] A moins de préciser des noms ou des associations, nous utilisons une acception générique de ce terme, et nous incluons dedans.
[3] https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/01/les-voies-de-renouvellement-de-la-psychanalyse-sont-nombreuses_5444312_3232.html ; https://www.liberation.fr/debats/2019/04/10/non-la-psychanalyse-n-est-pas-moribonde-elle-se-porte-meme-tres-bien_1720557
[4] Nous n’avons pu noter que trois noms : Nathalie Sarles, Cécile Rilhac et Danièle Cazarian.
[5] Association pour une Psychologie Scientifique à l’Université.
[6] Directeur de recherches au CNRS, psycholinguiste et membre du dit Conseil scientifique.
[7] Ce qui revient, on le sait, à limiter le plus possible l’enseignement de la psychologie clinique psychanalytique. Une députée qui, on se le demande, n’avait peut-être jamais ouvert un ouvrage de psychanalyse, s’écria : « Je ne dis pas que Freud et Lacan c’est inintéressant, non, mais il faut le lire comme quelque chose de passé, et voir ce qu’il y a eu après ». Comme si l’épistémologie analytique voyait sa consécration contemporaine et « scientifique » en la figure de Monsieur Dehaene…
[8] G. Visentini, Pourquoi la psychanalyse est une science : Freud épistémologue, Paris, Presses universitaires de France, 2015.
[9] Sur la base d’articles publiés en 2019 recensant les chiffres de l’année 2017.
[10] http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2019-002r_.pdf
[11] Une des réponses les plus diffusées a été celle d’Albert Ciccone que l’on peut trouver ici : https://www.facebook.com/CollectifNationalDesPsychologuesUfmictCgt/posts/2926003730820163/
[12] Samuel Lézé, L’Autorité des psychanalystes, Ed. Presses Universitaires de France, 2010, p. 110-111.
[13] https://printempsdelapsychiatrie.org/2019/04/11/reaction-a-la-nomination-de-frank-bellivier/
[14] https://printempsdelapsychiatrie.org/ ; https://blogs.mediapart.fr/mathieu-bellahsen/blog/200319/politiques-insensees-pour-perdre-la-tete
[15] Plus précisément, lors du vote de la loi sur la Mariage Gay, mai 2013, les psychanalystes Jacques-Alain Miller, Pierre Lévy-Soussan, Jean-Pierre Winter et Daniel Sibony avaient été invités. Le premier se présentait favorable ; le second, franchement opposé, craignait la disparition de la filiation ; le troisième, défavorable, arguait d’un péril anthropologique et le quatrième, défavorable, s’inquiétait du détournement des mots. Outre, la coloration conservatrice majoritaire de ces positionnements, sont-ce pour ces questions qui visent à in/valider des vies juridico-amoureuses que des psychanalystes doivent être conviés ?
[16] S. Lézé, L’autorité des psychanalystes, op. cit.
[17] S. Lemerle, Le singe, le gène et le neurone : du retour du biologisme en France,Presses universitaires de France, Paris, 2014.
[18] S. Lézé, L’autorité des psychanalystes, op. cit., p.164.
[19] Expression pertinente empruntée à Samuel Lézé.
[20] Ici, se référer aux très bons livres de F-G Garcia, L’héritage politique de la psychanalyse et, plus ancien, de Russell Jacoby, Otto Fenichel : destins de la gauche freudienne, Paris, Presses Universitaires de France, 1986.
[21] S.Lézé, L’autorité des psychanalystes, op. Cit., p.136.
[22] Ce-dernier, interviewé une heure de grande écoute sur France Inter, n’a même pas pris la peine de requalifier une boutade sérieuse lancée par Juliette Arnaud, qui faisait de Lacan une sorte de Zemmour… https://www.youtube.com/watch?v=seG7poVZ6WU
[23] Didier Eribon, Écrits sur la psychanalyse, Paris, Fayard, 2019, p.18‑19.
[24] Pierre Bourdieu, Questions de sociologie, Paris, Les Éd. de minuit, 2002, p.124.
[25] S. Lézé, L’autorité des psychanalystes, op. cit., p. 22‑23.
[26] Ibid., p. 91.
[27] Ibid., p. 92.
[28] La création de l’IHEP (Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse) par exemple, fondé par René Major. Mais d’autres aussi.
[29] Ici, bien-sûr, ce sont à des formes de convertibilité de capital que nous faisons allusion. En ce sens, un.e étudiant.e sans le sous, qui accorde de l’importance à la culture, se meut dans un milieu où il/elle est plus enclin.e à rencontrer la psychanalyse.
[30] R. Jacoby, Otto Fenichel : destins de la gauche freudienne, op. Cit.
[31] Sigmund Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique », 1918, La technique psychanalytique, Paris, Presses universitaires de France, 2007, p.153‑154.
[32] F. Gabarron-Garcia, L’héritage politique de la psychanalyse : pour une clinique du réel, 2018.
[33] https://journals.openedition.org/gss/5489 Un bel article de Aurélie Pfauwadel qui restitue bon nombre de malentendus sur le lien entre la théorie psychanalytique de Jacques Lacan et les gender studies, en réinscrivant certains propos de Lacan et dans son époque et dans son enseignement.
[34] A cet égard, l’invitation aux Journées de l’ECF les 16 et 17 novembre 2019 du philosophe Paul B. Preciado et son intervention « coup de poing » fut mémorable !
[35] Lettre à Marie Bonaparte du 11 janvier 1927 citée dans Pourquoi la guerre ?, Einstein et Freud, préface de Ch. David, Ed. Payot-Rivages, 2005.
[36] Sigmund Freud, « Résistances à la psychanalyse », in Résultats, idées, problèmes, Tome II,1921-1938, Trad. de l’allemand, Paris, PUF, 1998.
[37] Jacques Derrida, États d’âme de la psychanalyse. Adresse aux États Généraux de la Psychanalyse, Ed. Galilée (Conférence prononcée lors des États généraux de la Psychanalyse, le 10 juillet 2000, à Paris), p.28-29.