L’utopie n’est pas l’esquisse des conditions de possibilité d’un avenir. Elle est une composante du réel, incommensurable. C’est une différence topique, un changement de point de vue ; elle est, selon Kant, informulable. C’est un élan productif, entraînant l’« enthousiasme » nécessaire à l’événement. La liberté, la publicité en sont des principes essentiels. La pensée de la « communauté » en forme le noyau. Nous assistons, avec l’effondrement du socialisme réel et la résurgence de l’esprit religieux, à la réapparition d’une fonction utopique que le communisme stalinien avait absorbée en utopie réalisée. L’« association passionnelle » et le mal irréductible de la duplicité des désirs sont les critères nécessaires d’une formulation actuelle. Corollaires du principe de liberté, ils garantissent à l’utopie sa forme ouverte, productive, processuelle. L’inachèvement, le refus de la fixation adulte maintient l’histoire, dans l’individu, de son enfance. L’Histoire aussi doit être débarrassée de l’eschatologie, de toute pensée d’une limite ou d’une finalité.
Publié en septembre 1990
La formulation actuelle de l’utopie
par
René Schérer
Voir sur le site du CAIRN :
https://www.cairn.info/revue-chimeres-1990-2-page-111.htm
https://www.cairn.info/revue-chimeres-1990-2-page-111.htm
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