Une analyste nomade

par Carmen Castillo
On se souvient pas on récrit la mémoire comme on récrit l’histoire, disait Chris Marker. A chaque fois ce constat me saisit. En ce matin de pluie, commencer par les détails, toujours les détails et constater avec effroi le flou des souvenirs malgré la puissance de sa présence. Insister, rester auprès d’elle pour les faire venir, dans la lenteur et un certain ravissement.Des mots pour faire partager...
Voir sur le site du CAIRN :
https://www.cairn.info/revue-chimeres-2019-1-page-41.htm
Publié dans le numéro

Chimères n°94 - Avec Danielle Sivadon

Danielle Sivadon est cofondatrice de la revue Chimères, c’était en 1987.
Au-delà du patronyme – qui fait désormais partie de l’histoire de la psychiatrie –, c’était une grande dame, d’une élégance et d’une discrétion inégalées.

Impliquée dans les alternatives aux pratiques asilaires, elle a croisé le fer avec l’anti-psychiatrie. Soucieuse de la singularité de toute relation transférentielle, elle était une psychanalyste d’une subtile pertinence clinique, dont témoignent les monographies que nous publions dans ce numéro. Pertinence clinique et impertinence des modalités d’accueil – inorthodoxe – de ses patients vont chez elle de pair. Ce faisant, elle nous introduit au monde schizoanalytique, avancé par Felix Guattari, d’une éthico-esthétique de la pratique analytique. En compagnie de Jean-Claude Polack, elle publie La Borde ou le droit à la folie puis L’Intime Utopie. Travail analytique et processus psychotiques.

Sensible au devenir du monde, elle était aussi engagée dans des mouvements de lutte contre les restrictions de liberté en Europe, comme le cinel, ou des mouvements d’émancipation, comme la lutte des zapatistes au Chiapas… Ce numéro reprend des textes d’elle, monographies et textes critiques, témoins de son itinéraire multiple, transversal. Et foisonne de témoignages d’amis qui tentent de lui restituer toute sa richesse existentielle, dont les uns et les autres ont pu bénéficier.